La Fabrique de l’ignorance

Agathe TOMAN « IGNORANCE »

Ce travail : « La fabrique de l’ignorance » a été présenté par deux sœurs de Science & Solidarité et se lit comme un dialogue.

« bruitage de pendule», de plus en plus fort pour gêner l’auditoire.

Estelle : Depuis déjà plusieurs mois, le temps s’écoule différemment : il est agité, brumeux, incertain.

Christine : La privation de certaines de nos libertés a agi comme un incubateur .

Estelle : Et nous, franc-maçon l’avons affronté, pour faire éclore en nous de nouvelles incertitudes, des prises de conscience, ou tout autre effet non encore révélé, par ce passage au vitriol.

Christine : La situation sanitaire a stoppé net nos vies, lorsque la consommation de masse assouvit nos moindres désirs, pour créer un sentiment de maîtrise totale alors que nous nous croyons l’égal de Dieu. Et l’Homme face au mur s’est égocentré : Il est parti en chasse, frénétiquement, …

Estelle : … à la recherche de papier toilette et de pâtes.

En duo : … tic-tac-tic-tac-tic-tac… L’incubateur a commencé son œuvre … Le V.I.T.R.I.O.L. a opéré lentement, … mais… sûrement.

Christine : Je mange moins de viande pour protéger la planète … 

Estelle : Et bien non …, tu consommes des protéines végétales transportés depuis l’autre bout du monde sur des porte-containers qui polluent encore plus l’environnement …

Christine : ok ok, mais Je roule avec une voiture électrique … 

Estelle : Mais elle roule au nucléaire ! …

Christine : pfff… J’achète des objets fabriqués par des marques écoresponsables… 

Estelle : Et là encore … ces marques fonctionnent sur un principe de croissance effrénée… et tu n’as pas besoin de tous ces objets déguisés au green bashing…

La planète n’en peut plus, les profits potentiels ont explosé en vol, la totalité du système est déséquilibré ! … l’économie frénétique, la survie de la planète, le refus de participer à la cité, la défiance du système …

Christine : Pourtant je fais de mon mieux… je trie mes poubelles, je mange bio, je travaille beaucoup, je vais voter : … Je me trouve … exemplaire…

Estelle : On dit tous qu’on va régler les problèmes, … à coup de procrastination par souci de préservation de nos vilains petits conforts. Mais c’est trop tard ! Nous aurions atteint le point de non-retour !!!

Christine : Le monde tout entier est déstabilisé : économie, politique, achalandage alimentaire et médical, conflits militaires, alliances géopolitiques ! …(pfft) Je suis perdue dans ces flots d’informations qui déferle de toutes parts… je ne sais plus quoi faire…

Estelle : Mais comment donc en sommes-nous arrivé là ?

En duo : … tic-tac-tic-tac-tic-tac…Il est urgent de s’agiter !

« LA PROPAGANDE »

Christine : Le terme propagande trouve ses origines en 1622, il fût créé par la papauté à l’occasion de la fondation de la Congrégation de propaganda fide. Le mot « propagare » qui signifie « propager, répandre », désigne une institution voulue par le Vatican, en pleine conquête de fidèles dans le monde occidental. C’est à grande diffusion de fresques murales chrétiennes dans les chapelles et les églises jonchant les routes à fort passage d’Europe, que la toute première campagne de propagande officielle fut lancée, avec l’immense succès que nous lui connaissons. Si le terme reste à connotation religieuse jusqu’au 17e siècle, en 1708 Condorcet définit le mot comme suit : « Action organisée en vue de répandre une opinion ou une doctrine ». Napoléon en fit définitivement un objet politique, en diffusant son « Bulletin des Grandes Armées » dans les territoires conquis. La propagande nazie faisait partie des attributions du Ministère du Reich à l’Education des Peuples et à la Propagande, dirigé par Joseph Goebbels et là encore nous ne reviendrons pas sur les conséquences dramatiques de ses actions.
Mais pour parler de la propagande, il faut avant tout évoquer l’histoire d’un terme disgracié, qui aura conduit notre Gouvernement à substituer, après la guerre, son Ministère de la Propagande de 1938, à celui de l’Information au sein duquel la propagande devient « communication politique » et dont les objectifs restent similaires. Avec l’arrivée des médias de masse, le rapport entre gouvernants et gouvernés est redéfini, car tout se joue dans l’opinion publique. La Théorie de la Fabrique du Consentement d’Edward Herman et de Noam Chomsky, nous précise que la communication est devenue l’instrument des régimes démocratiques et joue un rôle primordial dans la transmission de messages à la population, mais surtout dans la promotion et la légitimation des politiques de l’Etat. La propagande agit davantage sur le subconscient ou sur l’inconscient que sur le conscient. De nos jours elle se définit comme un concept désignant un ensemble de techniques de persuasion, mis en œuvre pour propager avec tous les moyens disponibles, une idée, une opinion, une idéologie ou une doctrine et stimuler l’adoption de comportements au sein d’un public ciblé.

Estelle : Une formule marketing bien rodée. Ce qui nous amène à évoquer ce que les Anglo-Saxons appellent pudiquement les « technologies comportementales périphériques », autrement dit les techniques de manipulation des consommateurs. Aussi parle-t-on de nos jours d’un « âge narratif », ou l’art ancestral du récit est mis au bénéfice des grandes marques, par le biais du principe du storytelling. Le philosophe Christian Salomon le décrit comme un instrument du contrôle des opinions. Cette technique de manipulation repose sur la mise en place d’engrenages narratifs, visant à conduire les individus à s’identifier à des modèles ou à se conformer à des habitudes. Les grandes enseignes ont ainsi fait évoluer leur stratégie marketing depuis les années 1990, de l’Image de Marque, à l’Histoire de Marque, dans le but de renforcer le sentiment d’appartenance des consommateurs.  Le storytelling se pratique depuis à l’échelle d’un pays tout entier, sous la forme traditionnelle du « roman national », l’enjeu pour les pays étant de faire valoir leur propre réalité.L’avènement de l’image s’impose au XXe siècle comme un élément central de toute communication de masse. Cette dernière en appelle aux sens, en détournant nos réflexes cognitifs. Objet protagoniste de la propagande contemporaine à travers les nouveaux médias, elle trône en chef de file sur l’échelle des outils manipulatoires. Les réseaux sociaux en sont souvent les premiers pourvoyeurs et elle est, par ce biais, devenue un outil puissant de persuasion permettant aisément, pour convaincre, de faire dire à l’image ce qu’elle ne dit pas. Quant à la télévision qui a été pendant longtemps le plus important support de la propagande, elle tend de nos jours à être supplantée par les nouveaux terminaux internet. Aussi parle-t-on d’une époque de la post-télévision, associée à l’hyper-segmentation de l’offre et à l’affirmation narcissique de l’identité individuelle. Aussi l’offre omnicanale a fait de la télévision une expérience de plus en plus individuelle, dont la marque de fabrique est d’un côté le « fait-divers» qui suscite l’émotion et de ce fait une plus grande adhésion du public et de l’autre les chaînes d’informations en continu qui usent nos capacités émotionnelles à coup de diffusion de news planétaires, avec comme fil rouge le catastrophisme et le sensationnel.

D’autre part nous sommes entrés dans l’air de la post-vérité, qui se définit par une diffusion de l’information marquée par un relativisme généralisé. Les climato sceptiques ont, les premiers, pratiqué l’art de la post-vérité à grande échelle, en désinformant les faits, pour remettre en cause l’idée d’une influence humaine sur le climat. Mais comment les propagandistes tirent-ils profit de ce nouveau phénomène, à une époque pourtant marquée par l’élévation générale du niveau d’éducation et par un accès infini à l’information ? Gérald Bronner sociologue français, désigne la société issue de la révolution numérique, comme la démocratie des crédules, qui constitue l’arrière-plan de la post-vérité. Pour lui cette dernière est portée par le discrédit dont les médias font l’objet, qui a pris des proportions sans précédent depuis l’essor d’Internet. Il convient de relever ici, que les gouvernements des pays démocratiques ont peu contribué à freiner ce phénomène, en fragilisant les libertés d’informer à coup de lois liberticides et en laissant s’installer des conflits d’intérêt dans le rachat de grands groupes de médias.  Enfin, une autre explication de la post-vérité réside dans une crise de l’attention qui est directement liée à l’usage abusif des nouvelles technologies, qui a un impact direct sur nos capacités à mémoriser, à se concentrer et à exercer notre esprit critique. Mais la défiance envers les médias ne suffit pas à expliquer comment des milliers d’individus instruits peuvent en arriver à croire à de fausses informations. L’ère de la post-vérité repose donc sur l’aptitude du public à cerner le vrai du faux, qui est mise en défaut lorsque de fausses informations sont savamment entretenues par certains acteurs, souvent doté d’autorité, qui s’obstinent à affaiblir nos capacités de discernement. 

Christine :  D’un autre côté, le développement d’une propagande institutionnelle ciblée et personnalisée nous rappelle la mise en place d’une société normalisée inspirée de la dystopie Orwellienne dans son célèbre roman 1984. Il y dénonce ce qu’il appelle la novlangue, langue officielle inventé par le régime totalitaire de l’état d’Océania dans lequel sévit le « ministère de la vérité » sous la dictature d’un Parti unique qui surveille tous les faits et gestes de ses sujets. « Big Brother » en est le chef. Jean-Jacques Rosat, maître de conférences à la chaire de Philosophie du langage et de la connaissance, et auteur des « chroniques orwelliennes », explique comment Orwell tente de nous prévenir des dangers du « prêt-à-parler ». Il explique clairement, que cette forme de langage a pour objectif de supprimer toutes les nuances, toutes les dichotomies dans le but de renforcer le pouvoir d’influence et d’échapper à toute remise en cause des citoyens, en les empêchant de penser par eux-mêmes :  Rosat dénonce cette instrumentalisation du langage utilisé par les politiciens dans le but de convaincre les peuples, il dit : « En politique, on voit très bien à quoi ça s’applique, ce sont les phrases toutes faites. … Tout ce vocabulaire-là empêche de penser, c’est un vocabulaire automatique. »

Estelle : L’information est depuis longtemps une arme. Il semble que nous soyons entrés dans un âge de la propagande totale, à laquelle il est loin d’être simple d’échapper, depuis que les écrans ont envahis notre existence. En outre, aussi longtemps que la propagande s’appuyait sur les médias traditionnels, cette dernière s’adressait aux masses et n’avait pas la capacité de personnaliser son discours en fonction de sa cible. Les médias électroniques se révèlent autrement plus efficaces, d’une part en propageant de l’information très ciblée et d’autre part en récoltant un feed-back de son auditoire, par le biais des systèmes de tracking très intrusifs dont ils sont dotés. On parle ici d’une propagande 2.0, d’une propagande cybernétique de plus en plus automatisée, enrichie par les neurosciences qui analysent les comportements du public par le biais du neuro-marketing. L’une des manifestations les plus spectaculaires de la propagande totale est la profusion à grande échelle de rumeurs sur Internet, grossissant comme une coulée de lave pour finir en théorie du complot, remportant l’adhésion de millier de personnes telle une arme de manipulation massive. 
 

« THÉORIES DU COMPLOT »

Christine : Termes à l’étymologie obscure, complot viendrait de cum signifiant avec, et du mot français pelote. Comploter, ou faire une pelote, signifie donc ourdir ou tramer en petit nombre. Le complot est un « dessein secret, concerté entre plusieurs personnes, avec l’intention de nuire à l’autorité ou à une institution ». Quant au complotisme qui en découle, ce dernier se défini comme une manière tendancieuse d’interpréter des évènements ciblés dans le but de manipuler l’opinion.  Les origines du complotisme remontent à la publication des « Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme » de L’abbé Barruel en 1798, ou ce dernier fait paraître les représentants de la révolution comme émanant d’une conspiration maçonnique méditée et statuée au XVIIIème siècle, sous l’égide des « Illuminati » de Bavière. Leur but est alors d’éradiquer le christianisme et la royauté, pour faire émerger les idées cosmopolites des Lumières. Si le « Protocole des Sages de Sion » découvert en Russie, en 1903, relate des comptes rendus de réunions secrètes prévoyant un plan de conquête du monde établi par les juifs et les francs-maçons, Jacques Bainville reconnaîtra la tromperie vers 1921. On parle alors du fameux complot judéo-maçonnique. Adolf Hitler croyait fermement à son authenticité, soutenant l’idée d’un complot juif mondial. Enfin, plus récemment Le groupe Bilderberg, qui se réunit presque tous les ans depuis 1954, est accusé de diriger le monde avec un gouvernement secret. Notons qu’un sondage IFOP de 2014 met en évidence que 20 % des Français et plus récemment, un tiers de lycéens croient à l’existence contemporaine des Illuminati, qui regrouperaient les principaux dirigeants de la planète : le nec plus ultra siégeant au sommet des théories du complot modernes.

Estelle : La Liste des complots réels ou fantasmés est fastidieuse. Si les théories les plus récentes accusent les vaccins Pfizer de nous injecter des nanoparticules connectées à la 5G, nous imposant ainsi un outil de tracking intracorporel de tous les instants, Bill Gates et les compteurs linky déchaînent également les passions. Comme nous l’avons évoqué, la crise récente et le développement des réseaux sociaux dans les années 2000 ont accéléré leur propagation en leur offrant une large vitrine. La vision du monde complotiste est fataliste et pessimiste, elle ne croit pas au hasard et n’apporte guère de solutions aux problèmes dévoilés. Ceux qui y adhèrent sont persuadés de détenir la vérité et d’être initiées à un savoir caché, auquel les autres n’ont pas accès. Leur message clame qu’il faut «se réveiller » en se rebellant ! Le complotisme invite à douter de tout en permanence et sans nuances, comme par exemple des médias traditionnels dits les « mainstream » ou encore des politiciens. Selon l’IFOP, sont considérées comme complotistes les personnes adhérant au moins à cinq de dix théories proposées : 55% de ces complotistes ont moins de 35 ans et sont souvent peu diplômés. 67% d’entre eux sont issus de catégories modestes et 58% ont souvent une faible estime d’eux-mêmes.  Ils ont l’impression d’avoir raté leur vie et prétendent que « le système » en est la cause. L’adhésion à une communauté leur procure un sentiment d’appartenance qui leur permet de fonder leur propre identité. 

Christine : Une « théorie du complot » s’envisage donc toujours comme un récit « alternatif » qui prétend bouleverser de manière significative la connaissance que nous avons d’un événement historique, en venant concurrencer la «version officielle». Quand un grand évènement anxiogène et inexpliqué intervient dans une conjoncture incertaine et que ce dernier porte quelque chose d’inédit et émane d’une source vague, alors le complotisme apparaît. La théorie du complot apporte alors une solution aussi surréaliste que rassurante portant un message très accessible, en jouant sur l’effet de communautés adhérentes et sur le formidable effet boule de neige que procure la bulle internet au niveau planétaire. Le complot devient alors une contreculture juvénile et populaire, noyée dans la culture de masse, tels que les théoriciens des anciens astronautes, les platistes, les moon hoax et autres théories plus populaires les unes que les autres. 
La montée du complotisme est enfin à mettre en relation avec le sentiment d’une perte de contrôle de l’Histoire, dans une phase de transition entre un ordre ancien qui s’est écroulé et un ordre nouveau à naître. La perspective de mondialisation qui se dessine est un phénomène complexe et anxiogène pour une large part de la population. Les complotistes cherchent à donner un sens à un phénomène qu’ils redoutent en le ramenant aux manœuvres occultes de quelques élites. Pourtant, ces gens qui haïssent souvent la société de consommation restent des consommateurs malgré tout et le complotisme est un produit qui génère la fierté d’appartenance à une élite initiée et revancharde persuadée de prendre le pas sur les autorités en place.

Estelle : Si certaines de ces théories portent à sourire, ne perdons pas de vue la dangereuse montée en puissance de certains murmures qui évoluent en déferlante virale sur tout un pays.  Rappelons ici de récents faits d’actualité outre-Atlantique ou une mouvance conspirationniste d’extrême droite a eu un impact lourd de conséquences aux USA. Avez-vous entendu parler du QAnon ? Au sein de ce corpus de désinformation très populaire, l’une des théories les plus sensationnelles fut que des élites du Parti démocrate, auraient été coupables d’abus sur des enfants.  Nombre d’entre nous se sont demandé ce qui avait pu rendre possible l’élection de Donald Trump : voilà pour le moins une des raisons qui aura influencé certains électeurs.

Enfin, si les théories du complot nous semblent facilement identifiables, ne nous y trompons pas ces derniers s’adaptent et améliorent leur stratégie d’hameçonnage au fil du temps. Prenons ici le cas du récent documentaire « Holdup », qui constitue le modèle contemporain bien rodé des théories du complot 2.0 : Le Covid-19 ne serait guère plus qu’une « grippette », les mesures sanitaires prises depuis le printemps n’auraient aucun sens et les citoyens du monde entier se seraient fait berner par une élite corrompue. Le tout agrémenté de nombreux témoignage de personnalités faisant autorité, de quelques graphiques institutionnels détournés, et d’improbables pronostiques sur des controverses bien réelles : une recette imparable ! De quoi faire douter les plus coriaces et résultats : plusieurs centaines de milliers d’euros de financement participatif, une bande-annonce vue plus de 400 000 fois sur YouTube et un partage viral sur les réseaux sociaux.
Aussi le cœur de cible s’oriente doucement vers une population d’intellectuels plus avertie en jouant sur le décrochage qu’occasionne les nouveaux médias auxquels les moins jeunes s’intéressent de plus en plus depuis une dizaine d’années. Les complotistes affinent leur jeu, ils adaptent leur langage et leurs symboles afin d’atteindre de nouveaux publics, dotés d’un niveau d’éducation incontestable. Des chercheurs, des politiciens, des hommes de loi et autres citoyens parmi les plus érudits, passablement largué au royaume de la cyber-propagande, se trouvent alors absorbés dans la spirale infernale du complotisme.

CONCLUSION

Christine : Depuis 18 mois les camps s’affrontent : le citoyen se questionne sans obtenir de réponses claires et fiables, noyé entre la déferlante complotiste mise à l’honneur sur les réseaux sociaux et le discours institutionnel relayé par les médias. Les théories du complot redéfinissent les codes de la communication sociale en termes d’influence, quand l’auditoire, s’il ne veut pas jouer le rôle de « manipulé », se doit de décrypter chaque source, en déjouant les pièges qu’elles recèlent.

En duo : Mais alors, comment distinguer le vrai du faux ?
Christine : En juin 2021, l’IFOP annonçait que 67 % des Français pensent que les informations auxquelles ils ont accès ne disent pas la vérité. Les discours cacophoniques de nos dirigeants sèment le doute et la haine. La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a nourri des fantasmes quelquefois contradictoires : le virus a-t ’il été créé en laboratoire et volontairement répandu dans le monde pour museler les contestations sociales ? Aurait-on surestimé les dangers et surévalué les mesures de sécurité pour confiner les oppositions citoyennes ? La gestion de la crise aurait-elle été volontairement catastrophique pour nuire aux réélections politiques ? le tout sur un terreau social explosif et sans précédent. Effondrement, collapsologie, apocalypse, complot, propagande
.

En duo : C’est grave docteur ?

Christine : Force est de constater que si ce monde nouveau qui s’offre à nous est très effrayant pour une grande partie de la population, des signaux fiables indiquent les enjeux à relever d’ici 30 ans, soit une génération à peine. S’il est impossible de prédire l’avenir, de grands savants s’interrogent sur les défis à relever pour les générations futures. 2020 a été l’année où la masse de l’infrastructure humaine a dépassé celle de la biomasse présente sur terre.

Estelle : Bref, nous sommes en rupture totale avec la plupart de nos acquis en avançant inexorablement vers un nouveau paradigme mondial pour une humanité qui se devra plus en harmonie avec son environnement. Comme le cabinet de réflexion amorce notre travail sur nous même, la crise du coronavirus a agi comme le révélateur de nos pathologies, personnelles et civilisationnelles, mettant au grand jour toutes nos contradictions … La pandémie serait-elle la répétition générale de la catastrophe de notre temps ?Le pouvoir crée par l’homme semble échapper à son contrôle, en se retournant contre lui. Il ravive les peurs, cristallise les communautarismes et réactive le populisme. Les causes multiples de cette situation sont politiques, économiques, historiques et culturelles. La science, qui a longtemps fait acte de preuve magistrale, est de nos jours souvent engloutie par le capitalisme et se trouve de ce fait elle-même décrédibilisée. Cette situation crée de facto des doutes profonds chez les plus érudits de nos concitoyens.

Christine : Enfin, l’attitude des politiques instiguant la méfiance par la suspicion d’un transfert du pouvoir des peuples aux marchés financiers qui tissent une toile mondialiste incontrôlable. L’accès à l’information déréglementé pose également la question de l’usage d’internet, et tout au moins le risque de cautionner une réduction de la liberté d’expression et de s’aligner sur des modèles autoritaires imposant leur vision des choses sans laisser la moindre place au libre arbitre.

Estelle : Difficile de faire le tour de la question le temps d’une planche, en effet, nous n’avons pas abordé le sujet des lanceurs d’alertes, ni celui des lobbyistes, des sociétés écran, du dark web, ou encore de la dramatique montée en puissance des vagues d’attentats dont notre pays à chèrement fait les frais ces dernières années. Nos systèmes seraient-ils devenus de gigantesques « Fabriques de l‘Ignorance » à dessein de la promotion du capitalisme et des prises de pouvoir ?
Finalement, depuis la nuit des temps ou les premiers hommes esquissaient des peintures rupestres dans les grottes européennes, jusqu’à la récente conquête privatisée de l’Espace, ne devrions-nous pas nous, nous francs-maçons, nous poser les deux questions suivantes :

Estelle :  – En regardant devant nous : Qu’avons-nous à y gagner ?

Christine : – En regardant derrière : qu’avons-nous perdu ? …du paradigme qui porte notre humanité ?
 
En duo : Nous avons dit

Estelle EIC.°. et Christine LEG.°. , le 21/09/2021

Musique de fin : Grand Corps Malade et Richard Bohringer « Course Contre la Honte », https://www.youtube.com/watch?v=XgRaOvPIgAQ

Puis : Pink Floyd, «Time »,https://www.youtube.com/watch?v=pgXozIma-Oc

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