La Société Occitane

Musique « Musica »

La société Occitane entre le 10ème et le 13ème siècle.

Cette présentation partielle de la société Occitane se situe dans ce qu’il est convenu d’appeler « l’age d’or de l’Occitanie ». Ce n’est en aucun cas, dans ce lieu, un plaidoyer pour un communautarisme linguistique mais un point d’appui sur lequel nous pouvons, nous Maçons, utiliser nos outils pour aiguillonner notre réflexion. Bien entendu relater un période de 400 ans en quelques pages m’amènera à focaliser sur quelques points forts, les faits les plus marquants de cette histoire, de notre histoire, et ne prétendant nullement traiter ce sujet avec exhaustivité, cela laissera donc à l’assemblée, largement le loisir de compléter ce travail.

Tout d’abord situons l’Occitanie. L’Occitanie se situe dans une large moitié Sud de la France actuelle (elle recouperait aujourd’hui 33 départements) mais déborde de nos frontières en l’Espagne (La Catalogne) et l’Italie du Nord ou 12 vallées sont concernées. Le tout représente 190 000 km2. La langue Occitane se compose de plusieurs dialectes suffisamment proches pour que la compréhension du sens général d’une conversation soit préservée sur l’ensemble du territoire. Il y a 5 dialectes principaux qui sont : l’Occitan central (Langadocian) ; le Gascon ; le Nord Occitan avec le Limousin et l’Auvergnat et enfin le Provençal. Dialectes auxquels il faut ajouter le Franco-provençal qui recouvre la région Lyonnaise, la Savoie jusqu’au Doubs et l’Allier ainsi que le Catalan qui déborde largement sur la Catalogne Espagnole. Une précision sur une langue très particulière qui bien qu’enclavée dans l’Occitanie n’est pas un dialecte Occitan mais une langue propre : le Basque. Pour simplifier nous pouvons imaginer que le cour de la Loire formait la ligne de partage des deux langues, la langue d’Oc et la langue d’Oil. Pratiquement un Parisien qui venait sur Toulouse, Arles ou Limoges se retrouvait en terre étrangère et avait beaucoup de difficultés à communiquer alors qu’un Albigeois ou un Marseillais n’était pas dépaysés à Barcelone ou Turin.
Voici donc qui trace les lieux sujets de notre présentation, reste à préciser le choix de l’époque. C’est la période qui suit la stabilisation par Charles Martel de la poussée Sarrasine en occident par la bataille située entre Tours et Poitiers en 732. Sur la frontière espagnole de l’Occitanie se trouve, en effet, l’émirat des Omeyyades de Cordoue, cette proximité n’exclue pas des présences ponctuelles et des razzias sur l’ensemble des rives de la Méditerranée. Dans notre région le site de la Garde-Freynet est connu pour avoir vécu une présence de Sarrasins jusqu’en 972. La toponymie de lieux tel « Ramatuelle » qui viendrait des mots arabes « rahmatu llâh », qui signifient : « le bienfait de Dieu », nous rappelle cette présence. Encore plus parlante est l’appellation du massif des Maures entre Ste Maxime et Toulon. L’expansion très rapide de la présence Arabe en Occident est permise tout d’abord par une unification des tribus arabes induite par la dynamique d’un Islam jeune et en pleine expansion. Puis l’Islam se scinda en deux courants de pensée, pour ne pas dire d’intérêts, les Omeyyades qui s’installèrent en Espagne et les Abbassides sur l’Afrique du Nord. Dans les années suivantes les alliances, les luttes entre dynasties virent d’autres prédominances sur l’Islam avec des similitudes frappantes avec la religion Catholique : par exemple le rôle de la vierge qui amena la variante protestante et le rôle de la femme de Mahomet qui créa deux courants différents qui continuent de s’affronter farouchement de nos jours. Ce voisinage culturel a interféré, de par sa proximité, sur plusieurs domaines avec la société Occitane. Il faut, en effet, se rappeler qu’à cette période le monde arabe était très en avance dans bien des domaines (astronomie; médecine; calcul) et qu’il excellait également en architecture, techniques d’irrigation, poésie…). Il ne faut pas oublier qu’à cette époque la connaissance d’Aristote avait été transmise par les philosophes juifs et surtout par Averroès (1126 – 1198) et que des Maîtres arabes avaient excellé dans le domaine de l’alchimie : Khalid (660 – 704) ou Geber (en 721). Le frein coté Occident était religieux, en effet la vivisection était interdite et cela avait pour conséquence de bloquer la connaissance des mécanismes du corps humain et donc les moyens de comprendre et d’agir sur ces mécanismes. La forme de la terre et sa position dans l’univers était un dogme auquel il valait mieux ne pas se frotter si l’on voulait garder son intégrité physique ! La seule Vérité, le seul modèle du monde et de l’univers ne pouvait être que celui prôné par l’Eglise. Les choses se sont quelques peu inversées depuis et force est de constater que les interprétations successives du Coran et les intérêts des seuls hommes au pouvoir ont inversé les conditions d’émancipation intellectuelles des sociétés musulmanes. Cette évolution est dommageable à l’Humanité entière car nous sommes collectivement riches des différences culturelles et ne pouvons qu’être triste de l’enfermement de la pensé par quelques systèmes que ce soit : politiques, philosophiques ou confessionnels.
L’Eglise a connu des passages mouvementés en cette période et des évolutions qui peuvent expliquer, mais non excuser, sa fermeté. En 1074 il y eu l’interdiction du mariage des prêtres et l’année suivante l’interdiction de l’investiture des laïques. S’en suivi une querelle avec l’empereur d’Allemagne et des menaces d’excommunication envers Henri IV celui-ci du faire pénitence à Canossa pour obtenir la levée de l’excommunication. Ce qui ne l’empêche pas d’être excommunié une seconde fois, il faut dire qu’il avait activement participé à faire élire un « anti-pape » (Clément III) et qu’il a pris Rome lors de sa 1ere campagne d’Italie. Il y en aura une seconde au cours de laquelle Urbain II parvient à mobiliser la ligue Lombarde et s’assurer la défection de Conrad puis de l’Empereur d’Allemagne ; Henri IV abdique et meurt en 1106. L’Eglise ou plus exactement la papauté va atteindre le sommet de sa puissance par la fin de la suprématie de l’Eglise Allemande ; dés lors c’est en s’appuyant essentiellement sur la France que la papauté prend la direction de la Chrétienté occidentale, nous sommes en 1198, Innocent III est le représentant de Pierre mais également du Christ ou de Dieu, c’est de lui que les souverains temporels reçoivent leurs royaumes en fiefs. C’est l’affirmation de l’Eglise universelle papale qui entame sa lutte pour dominer le monde.

La France politique n’existait, au début de cette époque, qu’à l’état d’ébauche et se cantonnait au nord de la Loire. Ce pays issu des successeurs de Clovis sur des racines germaniques avait profondément ancré son pouvoir politique avec l’aide de l’église catholique. Au Sud, l’Occitanie était l’héritière de la civilisation gréco-romaine et le pouvoir était « organisé » autour des Comtes de Toulouse. Les terres étaient plus fertiles au Sud et les villes plus nombreuses et riches, la bourgeoisie y était plus développée et le commerce florissant. La féodalité était, en revanche, beaucoup plus organisée et puissante au Nord, ce qui glorifiait l’esprit de conquête et de guerre. La société était très hiérarchisée, rigide, ou chaque groupe avait sa place assignée d’avance selon une organisation voulu par Dieu puisque appuyée, je devrai dire confirmée, par les enseignements de l’église. Le Sud jetait les bases d’une société ouverte, définie par le mot « paratge » qui se traduirait par « une élégante égalité supérieure » . Sur bien des points elle préfigurait la Renaissance….Nous allons retrouver les points forts et faiblesses des deux cultures tout au long de leurs confrontations et affrontements .
La société Occitane n’avait pas de barrières étanches entre les différentes classes sociales : le droit d’aînesse n’existait pas, à la mort d’un parent les biens allait à l’ensemble de ses enfants des deux sexes, il en était de même pour un seigneur. Cette égalité avait sa contrepartie par le morcellement des biens et donc du pouvoir qui ne restaient pas concentré et donc, s’il était plus juste en terme d’avancée sociale, aboutissait à une dilution de la puissance « politique » des nobles. Ceci se contrebalançait par la montée en puissance de la bourgeoisie, laquelle s’alliait souvent par mariage à la noblesse Occitane. Restait que si la puissance « financière » se trouvait préserver globalement par se mixage des classes sociales, la puissance militaire elle ne l’était pas, ce détail aura son importance par la suite. Un autre détail, en Occitanie une femme pouvait hériter du pouvoir et non l’assurer indirectement par la régence comme dans le Nord. Nous pouvons donc dire que l’égalité Homme -Femme était un des piliers des pays de langue d’Oc.
Dans le Nord, c’est une des anciennes « lois » germaniques qui fut rédigée sous Clovis en 508 qui continue à être appliquée : la loi salique. Au delà de vouloir régler les problèmes de procédure concernant les personnes et les biens, elle règle les droits de succession pour les biens fonciers qui ne peuvent échoir qu’aux hommes. C’est sur cette clause, qui ne concernait en rien la succession au trône du Royaume Franc, que s’appuieront, plusieurs siècles plus tard, les juristes pour évincer les femmes de la succession royale.
Les grandes villes du Sud étaient organises en petites républiques gouvernées par des « Capitouls » ou des « Consuls » sortes de magistrats municipaux élus parmi la noblesse ou la bourgeoisie. Le fait d’avoir exercé cette charge amenait à être ensuite anobli ainsi que sa descendance, ce système était donc un ascenseur social pacifique pour la bourgeoisie. Sur Toulouse les capitouls étaient au nombre de 8 (un par quartier), ils étaient élus pour un an et avaient le pouvoir sur l’administration de la ville, la justice, l’armée, ils portaient un manteau rouge et noir. Symboliquement ils se faisaient également appeler « chefs des nobles » ce qui marquait leur ascendance sur la noblesse pour les tâches pour lesquelles ils étaient élus. Contraste évident avec le Nord ou c’était l’église qui s’arrogeait cette position de domination du pouvoir « royal » . Dans le palais des Papes en Avignon, symboliquement, le siège du pape était plus élevé que celui dévolu au monarque. Il y a plus de mille an, la société Occitane affirmait donc la prééminence du pouvoir de l’élu, du législatif, sur la noblesse et le divin.
Le fait d’être considérée comme en avance sur son temps repose sur d’autres faits. Par exemple que les cerfs aient été affranchis plus tôt et en plus grand nombre que dans le reste de l’Europe, cela donnait un grand nombre de « paysans libres » et ceux qui ne l’étaient pas encore bénéficiaient dans la pratique d’une grande liberté car les seigneurs Occitans n’exerçaient que très peu de contraintes sur eux. Les villes demandaient de plus en plus d’artisans venus donc du monde paysan, l’artisanat devenant une porte d’accès à la bourgeoisie. L’ambiguïté était si grande qu’il existait même des chevaliers-cerfs ! Les différences avec les autres civilisations comptaient , entre autre, le positionnement de la femme dans la société. Les femmes Occitanes administraient elles même leurs biens et participaient à la vie publique. Il était proclamé qu’elles étaient libre de leur corps et de leurs sentiments.
La poésie des troubadours instaurait un véritable culte de la femme qui plaçait celle-ci au centre de l’univers affectif, nous verrons plus loin qu’il existe une lecture qui utilise le symbolisme analogique dans certaines de ces poésies et que la femme louée n’est pas uniquement la compagne de l’homme.
La relation à la religion était très différente, au Nord, depuis la conversion de Clovis, le catholicisme était religion d’Etat, imposant ses dogmes et règles de vie, le pape se positionnant au dessus de la royauté, poursuivait toute dissidence, la taxant d’hérésie ce qui avait pour effet de conduire immédiatement au bûcher. Au passage notons qu’hérétique veut dire qui ne pense pas comme nous, ce qui n’est pas exactement notre définition de la Tolérance ! A ce stade il est intéressant de noter que c’est à cette période qu’est née la notion de « purgatoire », le purgatoire n’existe pas dans les écritures initiales qui sont la base de la religion catholique. Cette « invention » introduisait la notion de « rachat » possible et non le choix manichéen entre l’enfer et le paradis. Le rachat, bien entendu, pouvait se préparer sur terre ! la conséquence fut des legs importants de la part de nobles et autres bourgeois à l’Eglise. Cette notion permet également au pouvoir, qu’il soit royal ou émanant de l’église, de se tromper : ce n’est pas grave puisque même condamné par « erreur » les victimes pourront être sauvées dans l’eau delà, d’ou une certaine facilité à condamner de façon globale les personnes, coupables ou non ; la justice divine pourra rétablir l’éventuelle injustice des Hommes ! Avec de telles inventions, l’inquisition pourra s’en donner à cœur joie dans sa lutte fanatique contre toutes les déviances aux dogmes officiels de l’église.
C’est dans ce contexte que naîtront, dans le Sud, des mouvements qui s’élevèrent contre l’Eglise officielle, ses dogmes, sa richesse, ses dérives. Il y eu les Cathares puis les vaudois, souvent amalgamées dans l’Histoire et pourtant d’essences différentes (Les Vaudois se déclarant différents des idéaux Cathares).
Le Catharisme indubitable a connu un large développement dans le Midi et l’Italie aux 12ème et 13ème siècles. Réprimé au 13ème siècle par la Croisade contre les Albigeois et l’inquisition, il s’est maintenu jusqu’au 14ème siècle en Italie, et a subsisté en Bosnie, dont c’était la religion officielle, jusqu’à la conquête turque à la fin du 15ème siècle. La théologie Cathare, mis à part le fait que le Dieu de l’Ancien Testament n’en était pas un ou n’était pas le bon, n’était qu’un travail en recherche scripturaire (c’est à dire la recherche dans les textes anciens des véritables préceptes de a religion). Seule comptait la validité du sacrement unique, du « consolamento », qui était donné par les adeptes qui se dénommaient « les parfaits », puisque nous parlons de la langue d’Oc il faut préciser qu’en Occitan « perfeit » signifie aussi « ordonné » et relativise l’aspect immodeste de la traduction en langue d’Oil !. A noter que le mot « Cathare » viendrait du Grec « catharos » qui veut dire « pur » n’a jamais été utilisé par les Cathares eux mêmes. S’il est important, au delà du contenu de cette spiritualité, de développer un peu plus ce passage de l’histoire, c’est qu’il constituât l’alibi qui permis à la France de langue d’Oil d’annexer les pays Occitans.
La religion Cathare donnait un rôle identique à la femme et à l’homme pour l’exercice des prédications et l’accomplissement des rites. A la même époque l’église Catholique n’accordait pas d’âme aux femmes…. Nous avons vu que depuis Clovis, le Nord de la France, et c’est un constat, était solidement ancrée dans un monothéisme d’Etat. Dans le Sud depuis les Wisigoths qui, bien que chrétiens, s’inspiraient du prêtre Arius (280 – 336) contestaient la divinité du Christ puisque qu’il n’y avait qu’un seul Dieu, ce ne pouvait être que le père et non le fils ou les deux ! Ceci dura plus de deux siècles. Puis vinrent les Francs du Nord, les Arabes musulmans du Sud ce qui constitua un creuset d’influences disparates où s’étaient développés le goût de la controverse et l’esprit de tolérance. C’est ainsi que l’Occitanie médiévale ignorait l’antisémitisme qui sévissait alors dans l’ensemble de la chrétienté. C’est même parmi les savants rabbins de Carcassonne, de Narbonne et de Lunel que naquit, au 12ème siècle, la kabbale. C’est dans ce contexte de libéralisme religieux que le catharisme pu s’implanter et prospérer en terre Occitane. Dans le midi l’église catholique était la seule puissance vraiment féodale du pays, et ne rencontrait pas la popularité du peuple. Il était reproché au haut clergé (composé essentiellement d’étrangers au pays), son luxe insolent et la corruption des mœurs. La sympathie allait aux Cathares, enfants du pays, prêchant en langue d’Oc et non en latin, donnant l’exemple d’une vie simple et digne et qui voulaient convaincre sans contraindre, les débats publics entre Cathares et catholiques étaient fréquents et suivis avec passion par les Occitans, friands de joutes oratoires. Forts de la neutralité bienveillante si ce n’est de la protection déclarée des plus grands seigneurs du pays tels les Comtes de Foix ou les Trencavels, les Cathares firent de nombreux adeptes et en 1167 eu lieu le premier concile Cathare dans le Languedoc. Je ne développerais pas plus la philosophie Cathare qui demanderait une planche à elle seule, simplement elle reprenait des théories anciennes qui remontent à Zoroastre (7ème siècle < JC) par les « parsis » qui veut dire « purs », à Mani (ou Manès) qui au 3ème siècle, au travers du manichéisme, présentait un monde ou s’affrontaient les principes du bien et du mal, le monde dans lequel nous vivons étant l’œuvre du malin. L’église dans sa grande ouverture d’esprit mit à mort Manès en 273 ! Sa doctrine lui survécu et chemina en Egypte et en Afrique du Nord, puis vers l’Est jusqu’en Chine et en Inde ; il existe encore aujourd’hui en Iran et en Irak quelques manichéens connus sous le nom de « Chrétiens de Saint Jean ». Suite à diverses persécutions ils partirent de Byzance pour devenir les Bogomiles en pays slaves. Bogomiles voulant dire « Amis de Dieu ». L’essaimage se fit en Europe centrale pour arriver en pays Occitan ou elle connu un épanouissement spectaculaire. Il y eu conjonction même avec le retour de la deuxième croisade de chevaliers Occitans imprégnés d’un certain néo-manichéisme en terre sainte. La croyance Cathare avait un prolongement dans une morale qui peut se résumer à une devise « fe sens obras morta es », « la foi sans les œuvres est une foi morte ». L’église d’Occitanie eut 4 diocèses : Toulouse, Agen, Carcassonne et Albi qui, bien que pas plus important que les autres, donna le nom d’Albigeois aux Cathares.
Dés 1180, le pape Alexandre III lança l’anathème contre les Cathares et leurs protecteurs, mais ce fut son successeur Innocent III élu en 1198 qui va lancer l’extermination de cette hérésie. Pour cela il va s’appuyer sur le royaume Franc et ses barons, en promettant, en contrepartie de leur zèle catholique, de faire main basse sur les terres Occitanes. Terres qui étaient surnommées « pays de cocagne », une des principales sources de la prospérité du Languedoc était en effet la culture et l’exportation du pastel, appelé cocanha en Occitan. En 1207, Innocent III excommunie le Comte de Toulouse Raymond VI qui, bien que catholique, était coupable de tolérer dans ses états la liberté religieuse, prémisse d’une laïcité médiévale. L’assassinat du légat pontifical Pierre de Castelnau, donne à Innocent III l’occasion de lancer l’appel à une croisade d’un genre inédit puisqu’elle vise un pays chrétien !
L’appât des riches terres du midi démultiplia la ferveur religieuse des barons Francs. 20 000 chevaliers et 100 000 fantassins déferlèrent sur le bas Languedoc. Béziers tombe le 22 juillet 1209, aux soldats qui demandèrent comment distinguer les catholiques des hérétiques, le légat Arnaud Amaury, abbé de Cîteaux, répondit la célèbre phrase « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! », résultat 20 000 habitants sont massacrés, la ville est pillée et brûlée. Simon de Montfort prend alors la tête de la croisade et pousse vers le Sud. Raymond-Roger Trencavel résiste 15 jours dans Carcassonne avant de s’offrir en otage afin d’éviter à sa ville le sort de Béziers. Après l’avoir jeté en prison, Montfort le fait assassiner dans son cachot et s’approprie ses domaines. Cette guerre impitoyable dura un demi-siècle. Pour les Méridionaux l’enjeu était double : il s’agissait de défendre d’une part la liberté religieuse qui était l’une des composantes essentielles de leur civilisation avec l’ouverture aux femmes et le partage du pouvoir entre les nobles et la bourgeoisie dans ce qui était une forme de démocratie avancée pour l’époque et l’indépendance de leur patrie d’autre part, la Patria Occitaniae. Les actes de guerre de Montfort et des siens étaient en contradiction avec la croix qu’ils avaient cousue sur leurs pourpoints. Lèvres coupées, nez tranchés et yeux arrachés pour les défenseurs de Bram en 1210 ; chevaliers Occitans égorgés à Lavaur et la châtelaine Dame Giralda livrée à ses soldats Allemands, violée puis ensevelie vivante sous des pierres au fond d’un puit. C’est à Lavaur que fut dressé le plus grand bûcher de la croisade ou périrent 400 Cathares ou supposés tels. La victoire changea plusieurs fois de camp. En septembre 1213 Simon de Montfort infligea une cuisante défaite à Raymond VI et à son allié, le roi Pierre II d’Aragon qui fut tué dans la bataille, en mai 1215 il s’empare de Toulouse.
C’est alors que le midi s’embrasa : plusieurs villes se soulevèrent ; reprenant l’offensive Raymond VI et son fils écrasèrent les croisés à Beaucaire puis rentrèrent triomphalement à Toulouse en septembre 1217. En tentant de reprendre la ville, Montfort fut tué par un boulet lancé par une catapulte maniée par des femmes ! Le midi était libéré mais exsangue. Les rois de France Louis VIII, puis sa veuve, la régente Blanche de Castille et enfin Louis IX, décidèrent de se joindre à la croisade des Albigeois. En 1229 Raymond VII ayant succédé à son père, rechercha l’apaisement en donnant sa fille unique en mariage à Alphonse, le frère du jeune roi Louis IX. L’indépendance du midi est donc sérieusement hypothéquée à partir de ce moment. A sa mort, ses terres tombèrent en 1271 sous suzeraineté royale ; comme l’avait prévu le traité de Meaux.
L’inquisition toujours avec le mobile de traquer l’hérésie Cathare, continua à œuvrer dans le midi . Des explosions de haine éclatèrent en plusieurs lieux (Avignonet dans le Lauragais, à Toulouse ou les capitouls chassèrent manu militari les inquisiteurs). Le point d’orgue fut Montségur ou à partir de 1240 près de 500 personnes s’établirent autour du propriétaire du lieu Ramon de Perella, sa fille Esclarmonde et le commandant de la garnison Pierre-Roger de Belissen seigneur faidit de Mirepoix. Faidit voulant dire « spolié et proscrit », ses terres ayant été confisquées avec la bénédiction de l’église. Une armée de 10 000 hommes vient assiéger ce nid d’hérétique pendant 10 mois. L’eau venant à manquer, il se rendirent contre la proposition généreuse pour l’époque « les défenseurs de Montségur seront absous s’ils consentent à abjurer ». Peu d’abjurations et après un ultime consolament, 215 fidèles marchèrent au bûcher dressé dans ce qui est appelé encore aujourd’hui « lou prat dels Cremats » « Le prés des Brûlés ».
Le bûcher de Montségur ne marqua pas la fin de la résistance : le château de Quéribus , dans les Corbières, ne tomba que 11 ans plus tard, en 1255, et le dernier « parfait » connu Guilhem Bélibaste, prêcha jusqu’en 1321, année ou il fut brûlé. Pendant les quelques 110 années de persécutions, l’église Cathare d’Occitanie dut s’enfoncer dans une clandestinité de plus en plus profonde : la religion initiatique dut se faire société secrète et donner à son message une forme plus voilée. C’est au travers des troubadours que celle-ci trouva un média original.
Du 11ème au 14ème siècle le troubadours assurèrent le rayonnement de la culture Occitane dans toute l’Europe jusqu’en Hongrie. Le thème dominant était « l’amour courtois ». Les poèmes amoureux des troubadours mettent systématiquement en scène deux personnages : l’amant et la dame qui le soumet à des épreuves, puis le récompense, s’il le mérite, par un chaste baiser. Le mari est toujours présenté comme brutal, envieux et jaloux ; il soudoie des dénonciateurs pour surprendre l’amant et sa dame. Ainsi les troubadours chantaient des amours à la fois adultères et platoniques ; thèmes essentiels de la morale Cathare : la dépréciation du mariage et la valorisation de la chasteté. Mais nous pouvons aller plus loin, certains troubadours pratiquaient le « trobar clus », c’est à dire une poésie à double sens. Raimbaud d’Orange disait « Je tiens pour savant, sans nul doute, celui qui dans mon chant devine ce que signifie chaque mot. ». Arnaud Daniel disait « Sur cinq personnes, il n’y en a pas trois qui me comprennent ». Ce qui veut dire que derrière la Dame il faut y voir le symbole de leur religion, le prétendant est le croyant, le mari et ses roueries l’église officielle… Bel exemple de la langue des oiseaux ! Certains, mais je n’ai pas de fait qui le corrobore, avance que la légende du graal s’appuie sur l’épopée Cathare. Le mot graal viendrait du mot grasal qui désigne un vase en grès, que l’histoire originelle de Parzival a été relatée par Kyot le Provençal selon l’auteur allemand Wolfram von Eschenbach (notons la similitude entre Trancavel et Parsival), le site de Montségur pouvant se reconnaître dans le Montsalvatge de la légende. C’est dire si cette partie de l’histoire à fortement imprégné la culture méridionale jusqu’à nos jours. Les joutes oratoires ou pamphlets politiques s’appelaient « sirventès » et perpétraient le goût des débats publics.
Pour moi, il m’est sympathique aujourd’hui de penser que notre langue ait pu être une langue des oiseaux ! A la fin de cette planche, vous entendrez un chant Occitan particulier issu de cette époque « Canta que se canta » : c’est un exemple parfait de message caché, je pourrais ,ou sans doute des membres de cette assemblée, vous en livrer quelque clefs si vous le souhaitez. Ce chant est devenu l’hymne de toutes les causes opprimées jusqu’à nos jours.
Musique « Les troubadours »
On peut tenter une explication de la défaite des Cathares et plus largement des Méridionaux : tout d’abord un aspect psychologique: la croisade est un événement majeur dans cette civilisation chrétienne, un événement impressionnant dirigé vers des infidèles jusqu’alors étrangers et être l’objet d’un tel amalgame pouvait déstabiliser plus d’un Occitan. De plus la religion Cathare interdisait le recours à la violence, ce qui n’est pas idéal pour se défendre contre une armée de croisés… Il faut encore ajouter à cela que la féodalité du Midi était à coup sûr trop « molle » pour encadrer la société comme le faisait la féodalité du Nord et qu’à aucun moment elle ne mit de coté ses querelles intestines. C’était la contrepartie, le point faible de cette société dans laquelle le pouvoir partagé et grandissant avec la classe moyenne aboutissait de facto à affaiblir le pouvoir politique et militaire des Comtes de Toulouse.
Pour conclure sur ce point soulignons que la croisade contre les Albigeois fut une véritable perversion de l’idéal de la croisade auquel il faut encore ajouter l’antisémitisme importé par les croisés dans le Midi et les abus de l’inquisition qui la prolongea. Tous ces facteurs jetèrent le discrédit sur la chrétienté. Les Croisades vont jouer un rôle primordial dans la propagation de l’image de juifs néfastes à la chrétienté. Dans la fougue qui les habite à châtier les infidèles musulmans, les cohortes de croisés s’en prennent aux Juifs qui résident en pays chrétien. Le raisonnement est fort simple : pourquoi aller combattre des musulmans alors que l’on a sous la main d’autres infidèles?
Dés 1188, un grand mouvement de foi se traduit à nouveau par la haine contre les Juifs : des massacres ont lieu à Londres, York, Norwich et plusieurs autres villes d’Angleterre. Vingt ans plus tard, c’est au tour du midi de la France de se déchaîner contre sa population juive. On peut aussi noter que la Croisade des Pastoureaux fit disparaître plus de 120 communautés juives dans le sud-ouest de la France. C’est justement à partir de cette violente hostilité aux Juifs à l’époque des Croisades que vont se développer les clichés antisémites les plus virulents et qui resteront enracinés dans la mémoire collective jusqu’à aujourd’hui. Le Juif cupide et usurier, la nécessité de distinguer les Juifs par un signe vestimentaire, le Juif comploteur… Merci à l’idéologie dominante du vainqueur, dommage pour la tolérance affichée jusque là par la culture Occitane.
L’épisode Vaudois, lui, débute au 12ème siècle à Lyon par l’entremise d’un riche marchand Pierre Valdès ou Valdo qui s’est révolté contre la richesse et le luxe dans lequel se trouvait le clergé. Il donna tous ses biens aux pauvres et parti en prédication d’un évangile originel tourné vers les plus humbles et qui prône la pauvreté, la modestie, le travail…. Il fit de nombreux disciples dans le midi, le Luberon en particulier, dans les Alpes, en Italie, bref dans les régions de langue d’Oc et ceci n’est pas un hasard, pour être précis il faut préciser que si cette église a eu une audience profonde en Provence, Dauphiné, Bourgogne, elle déborda également en Suisse, Alsace, et en pays germaniques en Styrie et au Brandebourg jusqu’au XVème siècle où elle a entretenu des liens avec les partisans de Wicleff et les Hussites de Bohème. Pour être concis cette « expérience spirituelle » se termina par l’appel de l’inquisition en 1530 par l’évêque d’Apt. Celle-ci instruisit 150 procès en 4 ans ou la torture fut systématique : Jean de Roma (l’inquisiteur) avait l’habitude de remplir de poix les sabots des suspects et d’y mettre le feu afin d’en retirer des aveux sincères ! Les choses s’envenimèrent avec la prise du maquis par de plus en plus de Vaudois, le parlement de Provence (en cette période nous ne sommes plus dans une société Occitane mais dans un pays repris en main par le pouvoir Royal Français!) lance un avis d’expulsion contre les Vaudois puis d’escalade en escalade, que soient brûlés les Vaudois et raser les villages de ces hérétiques. Ceci durera pendant plus de cent ans pour s’achever après des tueries barbares ou les femmes et les enfants sont violés, torturés avant d’être tués. Plusieurs milliers de Vaudois payèrent le crime d’avoir voulu croire en un évangile d’amour, d’humilité. Si je vous ai cité ces faits mes Frères , ce n’est pas par hasard c’est que le Catharisme avait quelques temps auparavant semé des idées similaires et que le terreau de ces gens du Sud était toujours propice à des idéaux similaires quelques années plus tard.

Un autre exemple de l’ouverture d’esprit des pays Occitan est donné par l’histoire des Templiers. Leur histoire recoupe la période de notre planche (1118 – 1312). Ceux-ci ont fortement marqué notre région par la construction d’importantes structures commerciales sous la forme de fermes où commanderies templières et la fortification de nombreux villages de Provence, d’ou le mot « bari » appellation des remparts en Occitan. Outre l’œuvre de mise en valeur des richesses naturelles du midi, l’évolution mystique des Templiers, leurs propres recherches sur les textes sacrés, les confrontations avec les cultures musulmanes et , au-delà, orientales étaient bien vues dans notre région. Quand les ordres d’emprisonnement furent donnés le 13 octobre 1307 par Philippe le Bel, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’y eu pas de hâte dans la mise en œuvre dans le midi. Les Templiers purent majoritairement s’organiser, fuir en Espagne ou là ils ne furent même pas inquiétés. Sur ce sujet qui lui aussi mériterait, seul, plusieurs planches, nous avons une fois de plus un exemple de l’ouverture d’esprit de la société Occitane.
Notre rituel est, aujourd’hui dit en « Provençal » langue faisant parti comme nous l’avons vu au début de la planche des langues Occitane. Il est coutume de faire débuter la naissance de la Provence en 962 avec la première dynastie provençale de Guillaume 1er Comte d’Arles qui tira sa légitimité sur la région en boutant les sarrasins à la mer en 972 (soit 250 ans après la date officielle apprise à l’école où Charles Martel arrêta les Arabes à Poitiers en 732! Comme quoi notre région ne fait toujours pas partie de la France). Durant cette 1ere dynastie qui fini en 1094 avec Bertrand II, la Provence politique est essentiellement rhodanienne, dans notre région des seigneurs s’émancipent en prenant le titre de « prince » à Callian et Antibes par exemple.
A la mort de Bertrand II, c’est sa sœur Gerberge qui hérite et c’est sa fille « Douce » qui se marie avec Raimond-Béranger Comte de Barcelone. La second dynastie glisse vers le Sud-ouest, ce sont les Barcelone-Aragon et couvre de 1112 à 1245 soit une grande partie de notre étude. Il faut noter qu’une seconde fille de Gerberge se mariera avec Raimond seigneur des Baux et que cela aura comme conséquence de fortes rivalités avec les Comtes catalans.
En 1245 Raimond-Béranger V meurt et après deux rapts, Béatrice, l’héritière, est mariée par Blanche de Castille à son fils cadet Charles, comte d’Anjou et frère du roi Saint Louis. Nous entrons alors dans une autre histoire où l’on peut dire que la culture Occitane sera occultée petit à petit et n’aura plus d’existence autonome. Il faudra attendre des siècles avant que certaines avancées sociales reviennent à l’ordre du jour !
Nous devons à l’honnêteté de préciser que la Provence fut en retard vis à vis de la dynamique sociale du Sud Ouest. Certaines évolutions comme la justice ont mis de 50 à 100 ans avant de suivre l’exemple toulousain. La structure politique était moins cohérente, même si les principes sociaux que nous avons détaillé y étaient appliqués. Cette prise de conscience était due au fait que notre région a été sous l’emprise de pouvoirs politiques différents, n’oublions pas que le royaume d’Arles, par exemple fut Allemand en 1125 et que les campagnes d’Italie passaient naturellement par la Provence impliquant des changements de souveraineté avec le duché de Savoie jusqu’au Comté de Nice il y a peu. Des particularismes régionaux ont longtemps perduré, les Marseillais, de par la situation importante de leur port, avaient un statut et des privilèges qui les rendaient pratiquement indépendant tant était rade la puissance de leur consulat. Mais des Pyrénées aux Alpes la notion de nation Occitane était forte et cette « fraternité » est encore présente de nos jours et ne demande que des occasions de s’exprimer ; que ce soit sur le plan sportif ou par un anti-parisianisme chronique en matière d’organisations civiles ou politiques.
Dans les siècles qui suivirent, de grands malheurs s’abattirent sur l’Europe dont la peste noire de 1346 à 1350 avec un retour en Provence en 1361. La langue Occitane fut en quelque sorte une chance car elle permit de repeupler rapidement des villages entièrement décimés par des populations venues du Piémont (Pontevès par exemple). Ces populations comprenaient rapidement les patois locaux qui avaient des racines communes avec leur propres dialectes.
La peste fut suivi par les guerres de religions et autres Dragonades qui mirent l’ensemble du pays à feu et à sang. La croisade des Albigeois avait montré la voie, nous avons dans notre pays des âmes à remettre dans le droit chemin, les réformés en firent donc les frais et notre région y paya son tribu avec Sisteron par exemple. Le reste de l’Histoire Provençale fut une suite ininterrompue de guerres avec l’Italie, de guérillas entre seigneurs locaux, de brigandages mais ceci est une autre histoire…..
Le provençal se parla longtemps dans les campagnes et les villes jusqu’au début du XXème siècle. C’est par le biais de l’école communale que l’Etat, par des consignes strictes commença à éradiquer les parler locaux. Les élèves étaient sévèrement punis s’ils employaient le provençal, seules quelques régions ont réussi à maintenir une utilisation courante jusqu’à nos jours : les catalans ; les bretons et les corses (si l’on excepte les alsaciens qui ne font pas partie, c’est le moins que l’on puisse dire, de notre culture Occitane).
Comme pour l’ensemble du monde la disparition d’une langue, d’un idiome est une perte pour l’humanité car il y a une partie des connaissances, des histoires (même si ce n’est que de la petite histoire locale) qui meurent. Des anecdotes relèvent aujourd’hui quasiment du domaine folklorique comme les conseils municipaux de Bargème qui se tenaient encore en 1960 en Provençal. J’ai connu également dans ce village en 1958 une petite fille qui ne parlait que le provençal, cela m’avait frappé mais ne nous avait nullement gêné pour, après quelques minutes d’observation, jouer ensemble. Aujourd’hui il n’y a guère que nos groupes folkloriques, une émission de télévision régionale et quelques amoureux de cette culture qui parlent ou étudient cette langue. Je les salue bien bas, pour moi c’est trop tard, mais je n’en veux à personne, ma langue s’éteint naturellement avec la mort de mes proches qui eux la parlaient couramment. Je ne veux en retenir que l’amour de la terre et des gens, amour que j’essaie de retransmettre à mes fils qui eux, ne comprennent pas le provençal mais qui savent que cette terre, il y a mille ans était en avance pour la place des femmes dans la société, pour l’émancipation des cerfs, l’accès des classes moyennes à un système de gestion assez démocratique pour l’époque. A l’ouverture d’esprit envers les autres cultures, les autres religions et le goût du dialogue de la confrontation dans ce quelle a de positif : la dialectique.
Nous arrivons à la fin de ce travail ou j’ai eu peine à « tailler » dans les pages afin de ramener cette planche dans un temps acceptable à un auditoire. Je ne sais pas si j’y suis arrivé, mais je suis conscient d’avoir simplement entrebâillé quelques fenêtres sur le panorama de notre histoire au détriment d’un récit plus riche, plus fluide mais au combien plus long!
Comme je l’ai dit en liminaire de cette planche, il n’est pas question de tomber dans le communautarisme béat d’un Sud éclairé écrasé par le Nord obscurantiste. Ce serait stupide et indigne de notre assemblée. Nous pouvons toutefois en profiter pour nous poser quelques questions ou constats.
L’Histoire est écrite par les vainqueurs : il faut donc attendre de nombreuses années avant d’avoir la chance de voir émerger des éclairages divergents. Les exemples sont multiples et toujours douloureux pour beaucoup : Le comportement de l’Etat-major lors de la guerre de 14-18 ; la collaboration lors de la dernière guerre ; les massacres des Arméniens, de Sabra et Chatila ; l’utilisation de la torture ; l’esclavage ; la colonisation ; les manipulations et mensonges qui préparent les nations aux guerres modernes ; etc….
Quelles leçons pouvons nous tirer afin d’avoir une approche maçonnique objective qui ait une chance d’aboutir à une analyse et définir une position qui puisse être de portée universelle comme le sous-entend notre constitution ?
La démocratisation d’une société, parce qu’elle partage les pouvoirs entre l’ensemble des citoyens n’aboutit-elle pas à l’affaiblir face à d’autres sociétés plus « autocratiques », que cette autorité soit catalysée sous la forme d’une doctrine politique ou religieuse ?
Prôner l’amour et la paix entre les Hommes est une chose belle et noble, avons nous des exemples ou cette démarche ait pu être mise en pratique sans violence et avec efficacité ?
Aborder l’Histoire devrait nous conduire à être humbles, à assumer les erreurs de notre propre cheminement, de notre histoire, même si les replacer au travers du filtre de l’époque permet de relativiser quelque peu ces errements. Mais faut-il pour autant accepter que certaines communautés s’arc-boutent sur ces faits pour justifier les tensions d’aujourd’hui ? Cela sert-il de mettre en avant des fautes plus que centenaires alors que la situation actuelle ne se solutionnera que par des actes politiques ou des avancées philosophiques bien différentes de ces causes originelles ?
Pourquoi plusieurs siècles après certains faits, bien que « perdants », aient encore un coefficient de sympathie important de nos jours ? (Templiers, Cathares et plus tard Mandrin ou Maurin des Maures). N’est ce pas plus pour les défauts des systèmes auxquels ils s’opposaient que par leurs propres qualités ?
A la lumière de ces faits marqués par l’intolérance à la pluralité des idées, aux points de vue des autres ; à la stigmatisation de la différence quelle soit philosophique, religieuse ou ethnique. Comment ne pas analyser différemment certains faits de notre époque sur les fatwas lancées à travers le monde par les intégristes de toutes les religions ? Des appels à la censure d’un film dénonçant le comportement de l’Eglise pendant l’holocauste aux caricatures de Mahomet en passant par du plus futile en apparence sur le Da Vinci code.
Savoir écouter les raisons profondes de celui qui ne pense pas comme nous. Essayer de comprendre les autres systèmes de pensés que celui de notre monde occidental, de référent autre que notre héritage judéo-chrétien, n’est ce pas notre seule chance d’avoir réellement une approche maçonnique universelle des problèmes de notre monde ?
Mes Frères, en mémoire à mes ancêtres provençaux, je me suis senti modestement investi d’une démarche prosélyte vers cette ouverte d’esprit dans notre société maçonnique. Soyons humbles, au delà de notre devise « Liberté, égalité, fraternité » soyons toujours guidés par le mot Amour. Amour des autres, tous les autres, de toutes les cultures. Et si parler Occitan demain c’était tout simplement utiliser, quelle que soit la langue, les mots, les écrits pour continuer de se battre pour le progrès de l’humanité pour continuer au dehors du Temple l’œuvre maçonnique. Comme au temps ou cette langue porta haut l’émancipation de la société.

« Musique Canta qué se canta»

Une réponse sur “La Société Occitane”

  1. Adiussiatz,
    Bon Dia,
    Agur,

    Felicitacions pel document en francés.

    1209, intrada de l’armada de Simon de Montfòrt en Lengadòc.
    1209, 10 nov. Mòrt de Raimon Rotge Trencavèl dins las preson francesa de Carcassona.
    […]
    1229, interdiccion de la lenga occitana, d ela Bíblia en occitan ; protestacion dels avèsques de Lengadòc.
    […]
    1453, chaples dels Franceses en Aquitània.
    1453, exilh de l’avèsque de Bordèu a Cordoan, quatre o tres annadas.
    […]
    1470, interdiccion de l’emplèc del gascon (occitan) e del latin en Aquitània e donc tanben dins tot l’Estat francés reial.
    1630, fin dels dreits reial independents bearneses, 1790 confirmacion de l’assimilacion politica.
    […]
    1789, destruccion de l’abadiá de Limòtges, luòc de normalizacion entre 950 e 1050 de la lenga gascona (occitana) que serà oficiala dinca 1470 en Aquitània ; serà la lenga de l’administracion e dels Trobadors.
    1792, Ernest Renan mescla ciutadanetat e nacionalitat, amvem lo problème conceptual en sciéncia politica francesa dempuèi. E mantunas guèrras d’assimlilacion francesa sul continent europèu e suls continents colonizats per las tortas visions politicas francesas (reailas, emperialas, o republicanas).
    […]
    XIXièma siècle, Niça, manipulacion del referèndum per assimilar lo Comtat de Niça.
    1905, la lei sobre la laïcitat es passada sul principi occitan de respècte de la fe religiosa, contrariament a totas las prepausicions parisencas fins ara, vist que los primièrs chaples franceses zo son estats contra « bons crestians », josius e musulmans (per exemple Lavaur). Pensi a Guiraud de Lavaur. Puèi los chaples dels protestants e jansenistas son pas oblidats. Los protestants an poscut fugir e son estats los fabricants de las accions industrialas dins tot lo nïrd europèu. Los « bons crestians » son estats emplegats per la reconquèsta sul monde musulman de Cordova (uèi 30% dels noms de familha en País Valencian son occitan).
    Etc.
    Per ne saber mai e en vídeo : http://www.youtube.com/user/AnPrionsaBeag

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