La Violence

Violence = outrance destructrice de la nature humaine, négation de la persuasion et de la conciliation, elle transgresse volontairement, ou involontairement, les règles de base naturelles et morales de notre société.

Issue de la passion, du sectarisme et du fanatisme, elle se base sur la contrainte de l’autre pour vicier son comportement ou attenter à sa personnalité morale ou physique.
Seule méthode authentique, seul procédé d’action efficace pour les révolutionnaires, pour certains écrivains engagés tel Nietzsche, ou certains artistes exaltés comme Michel Ange, elle est légalisée par les états totalitaires ou érigée en dogme par les intégristes religieux (croisades, Iran, Al Quéida, Indonésie ), marxistes ( gardes rouges de la chine de Mao ou Pol Pot au Cambodge entre autres),  fascistes ( SS de Hitler et escadrons de la mort de Pinochet) et racistes ( KKK ou génocide du Ruanda).

Source de guerres, révolutions, émeutes, lynchages et autres exactions, elle prend sa source dans l’agressivité naturelle de l’homme. Elle en est sa traduction physique ou intellectuelle. Toutefois ce que le mot agressivité évoque est propre à chacun. Il dépend étroitement de notre culture, de notre environnement et de notre personnalité.
Deux aspects de l’agressivité sont schématiquement à opposer :
–    l’un fondamental, inhérent à la nature humaine, est physiologique. Il ne peut être que contrôlé, jamais anéanti !
–    l’autre, destructeur et explosif, peut être qualifié de pathologique du fait de ses conséquences. Il peut être arrêté, modéré, ou mieux, prévenu ! Les guerres en sont l’expression la plus spectaculaire et la plus dramatique !

La guerre avec son cortège de morts, de souffrances, de peine, ne devrait plus exister du jour où chaque individu, en tant qu’entité, et non pas en tant que membre d’une collectivité, en analysera le déterminisme  et les conséquences.
Mais la guerre qui tue  les uns fait vivre les autres ! Injuste elle élimine des écervelés, des humanistes et des idéalistes, des doux et des tendres, mais fait prospérer des hommes dits de réflexion, des profiteurs et des dominateurs.
La guerre ouvre de vastes marchés au commerce des armes. Chaque année, nos savants perfectionnent l’art de tuer, chaque décennie, l’art de guérir !  Stimulant  de l’économie, l’industrie de l’armement est organisée au profit de la violence maquillée par des considérations sociales primaires. Bonne question : la vente des armes peut-elle être justifiée par des considérations économiques ou sociales ?
Montherlant comparait la guerre à l’«archet frotté de sang qui tire de l’homme ses plus belles résonances ».

Aucun individu de notre pays ne peut rester indifférent à la montée formidable de la violence dans le monde contemporain : conflits entre nations : Iran, Irak, États-Unis, Afghanistan, Russie, Tchétchènie …… conflits inter-ethniques :Ruanda, Irak, Cachemire, Yougoslavie, Liban, Soudan….Conflits religieux : Israël, Palestine, Irlande, Malaisie……Répression :Chine, Corée, Chili, Philippines……Terrorisme : New York, Madrid, Paris, Bagdad,Londres……..des hommes ont posé une bombe là où d’autres hommes étaient réunis, sans défense et sans à priori. Ils ont tué froidement et sciemment  des innocents. Quels que soient leurs desseins politiques, leurs revendications humanitaires ou sociales, leurs appartenances politiques ou ethniques, leur race ou couleur de peau, leur religion ou croyance, ce sont d’odieux assassins dont le sadisme évident ne saurait être excusé par des idéologies plus que discutables.

Pleurer les victimes innocentes et réclamer vengeance n’est que trop humain ; mais, hélas, nous le savons tous et depuis toujours, cela n’a servi qu’à instituer une nouvelle violence, aussi aveugle, aussi injuste que celle contre laquelle on voulait lutter : la révolution française puis la révolution russe, puis la chinoise se sont achevées dans le même bain de sang que l’actuelle révolution iranienne ou les décolonisations sauvages de notre vingtième siècle.
Nous continuons à assister passivement à l’agression permanente dont sont victimes les hommes un peu partout dans le monde du fait du totalitarisme, qu’il soit politique, économique, philosophique ou religieux. Nous n’avons pour toute réponse à la violence que la flatterie des violents, pour toute réponse à la barbarie que la frénésie de l’ignorer.

La violence existe également  au plus au point dans les relations élémentaires entre individus. Elle perturbe gravement la santé et l’équilibre de nos contemporains : dépression, insomnie, tabagisme et alcoolisme en sont l’auto manifestation ; agressivité des conducteurs, rixes et expéditions punitives, lynchage et saccage lors des manifestations, sadisme et violences à enfants, viols et agressions sexuelles, l’expression sur autrui.

Peut être devrions nous parler d’une incidence de la violence sur le devenir de l’enfant à venir ? La femme enceinte va, selon son état d’âme, libérer des médiateurs chimiques qui, circulant par le sang, vont inonder le fœtus et conditionner le développement de ses organes dont son système nerveux central et amener, déjà, des réactions qui conditionneront son comportement futur au niveau de l’agressivité et de la violence.
L’état d’âme et l’équilibre de la future mère, l’environnement conjugal (couples désunis, violences conjugales…..), familial (fratrie, grands parents……), socioéconomique (minimum vital,confort, faim, maladies…..) et politique ( conflits sociaux, chômage, médias, luttes des classes, menaces de guerre et guerres, terrorisme……) auraient une influence directe sur la mère donc sur le devenir de cet enfant et le développement ou la maîtrise de son agressivité constitutionnelle, de sa tolérance, de son affectivité donc de sa propension naturelle à la violence, à l’affrontement, à la guerre !

Si les scientifiques ont démontré une interaction mère-fœtus conditionnée par son état psychique ou d’environnement (alcool, drogue, cigarette…). Il faut se méfier de se prédéterminisme scientifique et faire la part de l’innée et de l’acquis dans le comportement futur de l’être en devenir. sinon nous pourrions tomber dans le piège de la détection d’un sous-disant gêne de la violence et donc prévoir de … l’éradiquer au plus tôt dans son parcours social.

Ne parlons pas de l’utilisation l’enfance comme objet de propagande ou de chair à canon (enfants soldats…..), après son exploitation économique dans le tiers monde !
On pourrait continuer  longtemps l’énumération des faits, que dis je, des méfaits de la violence !

Ceci pour dire que le problème de la violence ne peut être résolu par un nouvel ordre politique dont les promesses  ne peuvent être autres que celles d’une autre violence. C’est une affaire d’individu, de réflexion, d’éducation, mais aussi d’exemple et d’acceptation des devoirs plus que de réclamer des droits : c’est notre domaine, je crois.

Commençons par le plus simple. Dans nos réunions nous nous adressons à l’ensemble de l’auditoire, il ne doit pas y avoir de dialogue direct avec un participant. C’est à l’auditoire dans son ensemble que chacun de nous s’adresse, exposant son point de vue avec conviction mais tolérance pour les idées des autres.
Tolérance, le premier remède à la violence. Respecter les croyances et opinions d’autrui lorsqu’elles différent des nôtres. Être indulgent envers les autres plus qu’envers  soi même, mais sans condescendance  ni laxisme. Pas facile! : Il m’est arrivé de lire l’interview d’un ancien responsable de notre organisation : j’ai cru y décerner une certaine suffisance intellectuelle, une certitude philosophique infatuée, quelle intransigeance politique, … : La porte fermée à toute discussion mais ouverte à l’affrontement et au conflit ! Comment exiger de profanes une ouverture d’esprit que nous avons du mal à généraliser chez nous? nul n’est parfait!

Doit on alors, avec les penseurs contemporains, baisser les bras devant cette violence qui nous assaille et nous met directement en péril de mort : mort intellectuelle (les goulags et autres « asiles »), mort politique (les démocraties  s’étiolent et deviennent  frileuses) et enfin mort physique (solution finale, génocides, guerres chimiques, biologiques et nucléaires) ?
Que faisons nous devant cette menace ? Nous continuons à vivre entre notre train train journalier, oubliant de regarder autour de nous, et notre doux ronron « philosophico-politico-administratif » d’initiés : mais au fait initiés de quoi ?
La seule vraie question de notre fin de siècle, et de début d’un autre, est celle de la difficulté entre les êtres. Nos grands systèmes de pensée, le marxisme et le freudisme ne nous ont pas donné de remède malgré leurs promesses, le libéralisme non plus. Les religions sont perverties, les idéaux encrassés ; reste, peut être, le «  maçonnisme »mais il est toujours dans son cocon, ou plutôt ses cocons, car, nous qui sommes des hommes de paix avons des difficultés à la faire entre nos obédiences aussi diverses qu’inutiles : oui je sais, ce n’est pas notre faute, c’est l’autre…… !

Mais même le mot de paix a perdu son sens. C’est devenu synonyme d’équilibre des forces, conception viciée  par la peur de l’autre : si tu veux la paix prépare la guerre ! Et puis chacun sait que le génocide et l’oppression assurent la paix ! « Et le combat cessa faute de combattants…. » !
Quant aux pacifistes de tous crins ce sont souvent des doctrinaires organisés, sectaires et méprisants, alors qu’ils ne devraient être que des individus ayant dominé leur agressivité naturelle en l’orientant vers d’autres valeurs que l’affirmation de leur vérité, vers le bonheur des autres !
Il ne pourra y avoir de paix entre les états que le jour où le désir de cette paix sera dans l’esprit et le geste de l’individu en temps que tel. Seules l’éducation et l’information, d’abord de l’enfant puis du citoyen, peuvent assurer cette prise de conscience individuelle. D’où le rôle capitale, d’une part des médias, souvent trop préoccupées par le sensationnel et les chiens écrasés pour pouvoir glorifier les réussites humaines, et d’autre part des enseignants, en particulier historiens et philosophes, s’étendant plus sur les guerres, révolutions et crises politiques que sur l’évolution de la civilisation, les réussites de la science ou la disparition des frontières.

Ensuite les États, issus du peuple, pourront, à leur tour, privilégier leurs accords de coopération culturelle et scientifique au dépend de leurs engagements d’assistance militaire ou politique. Des pactes de non agression seraient déjà une bonne étape intermédiaire.
Il faut reconvertir le potentiel économique et social de l’industrie de l’armement à des fins humanitaires, donc pacifiques : à quoi bon organiser la vie si, vraiment la vie ne vaut rien ?

La violence est un état naturel dans notre univers, à tous ses niveaux, micro comme macroscopique, dans tous ses règnes, minéral comme organique, végétal comme animal. L’homme subit la nature, il la suit et l’imite. Il doit sortir de cette spirale de la violence pour retrouver une sérénité d’esprit et envisager ensuite de discipliner son instinct, en l’orientant vers la recherche du bonheur, individuel d’abord, et collectif ensuite : démocratie (égalité des droits et des devoirs), justice (répartition des ressources et du savoir), communication et information impartiale, tolérance enfin et surtout ! On pourrait résumer par : Liberté, égalité et fraternité.
Ces trois mots ne vous disent ils rien ?

JB C

Une réponse sur “La Violence”

  1. Si…
    Nos pensées,paroles et actions ne devraient trouver leurs pleines expressions que par ce merveilleux filtre, « sainte trilogie » – LIBERTÉ et ÉGALITÉ et FRATERNITÉ.
    Utopique idéal, vu le stade d’évolution actuelle de l’ « HUMAIN » !
    La résonance de ces trois mots dans notre quotidien pourrait nous rendre que meilleurs, encore faut il avoir envie de les sentir résonner ou même déjà comprendre leur sens et leur valeur.
    Cordialement JLB

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